Roman Orinowski, chargé de mission à la FCSF : « Les jeunes ne veulent pas être que bénéficiaires, ils veulent être écoutés »

Roman Orinowski, 37 ans, est chargé de mission à la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF) depuis cinq ans. Il occupe un poste-clé dans le chantier national pour favoriser l’engagement des jeunes dans le réseau, lancé en 2017 par le vote d’une motion jeunesse. Un sujet qui a encore pris de l’ampleur depuis mai 2023 et l’intervention d’un groupe de jeunes lors du congrès de Lille, pour dénoncer le manque de prise en compte de leur génération.

Roman Orinowski. Photo DR

Peux-tu nous expliquer ton rôle de chef de projet jeunesse à la FCSF ?

Roman Orinowski : Je travaille sur la place des jeunes dans le réseau des centres sociaux, la fonction d’animateur jeunesse, l’importance et la place des jeunes adultes dans notre réseau. Je travaille aussi avec les administrateurs et bénévoles du conseil d’administration de la FCSF qui ont une ambition politique pour le réseau, de laisser la place aux jeunes dans le fonctionnement. Je connais les gens qui bossent avec la jeunesse dans les fédérations et j’accompagne le développement des réseaux jeunes locaux. En 2023, nous avons motivé 300 jeunes à venir au congrès de Lille. Mon travail est de garder la spécificité de ce public, mais je travaille aussi pour que le regard du réseau envers les jeunes ne soit pas le même que celui de la CAF ou d’autres partenaires. Il faut qu’on les considère comme des adhérents du réseau, des habitants du quartier, des bénévoles, et pas seulement des bénéficiaires des accueils jeunesse, de l’accompagnement à la scolarité, etc. Les jeunes disent qu’ils ne veulent pas être que bénéficiaires, ils veulent être écoutés.

Comment ce travail se concrétise-t-il sur le terrain ?

Je réfléchis une politique jeunesse dans le réseau des centres sociaux avec les personnes concernées, c’est-à-dire des jeunes, des administrateurs et des gens sur le terrain (animateurs, directeurs de structure…). J’ai monté un groupe de travail mixte avec tous ces profils en octobre 2023. J’avais lancé un appel à tout le réseau, dans les territoires ruraux comme citadins. Ce groupe rassemble une trentaine de personnes, c’est un peu un échantillon du réseau. On renouvelle en ce moment notre projet de réseau national, avec une priorité sur la jeunesse. Le groupe de travail a fixé cinq orientations qui sont ressorties après le congrès.

Quelles sont-elles ?

  • Le premier axe est de mener une campagne de communication par les jeunes et pour les jeunes, pour faire comprendre l’intérêt des centres sociaux.
  • Le deuxième axe, c’est de continuer à faire des rassemblements type réseaux jeunes locaux, dans lesquels ils se forment à l’écologie, à la religion, à l’égalité femme/homme…
  • Le troisième axe est de construire un programme de formation à destination des jeunes, par exemple pour ceux qui ont besoin de connaître l’envers du décor du centre social avant de s’engager dans un CA – dans un esprit d’empowerment – ou une formation sur les critères de discrimination, pour s’outiller sur des situations du quotidien.
  • Le quatrième axe est la recherche d’actions autour de la place des jeunes dans les gouvernances avec des chercheurs : comprendre ce qui fait frein et comment on peut trouver des leviers pour que tous les jeunes du réseau aient la capacité de s’investir dans leur structure ou leur fédération.

Enfin, le cinquième axe est de faire réseau autour de la jeunesse, de continuer à mobiliser le groupe de travail, à porter ce message et à l’amener dans le réseau.

Quels sont les temps forts à venir ?

L’assemblée générale de la FCSF se tiendra en mai 2025, pour déterminer les axes prioritaires jusqu’en 2032. Dix-sept priorités ont été définies, dont onze sociales. Nous allons voter trois priorités phares. Si la jeunesse en fait partie, d’autres moyens seront alloués, cela donnera de la force à ce sujet. Aujourd’hui, je suis tout seul. Si on mettait plus de moyens, on pourrait le développer encore davantage. Depuis la motion votée en 2017, la place des jeunes adultes a vraiment décollé, et c’est vachement bien de voir ça.

PAROLE DE JEUNE

Manon Ruscon Llorente
Manon Ruscon-Llorente. Photo DR

Manon Ruscon-Llorente, coprésidente du collège de gestion de la Fédération des centres sociaux du Périgord et membre du groupe de travail national créé par Roman :

« Je place beaucoup d’espoir dans ce groupe de projet qui réunit plusieurs fédérations et me parait une bonne initiative. À terme, j’aimerais que notre fédération puisse travailler avec d’autres fédérations avec l’intermédiaire de la FCSF. Au niveau national, nous avons besoin de plus de communication et de co-construction. Dans notre fédération locale, nous pouvons viser les mêmes enjeux : communication et travail ensemble sur les deux territoires 24 et 47. Je suis ravie de l’importance que les jeunes ont pris cette année. Nous ne sommes qu’au début de la bataille, mais ça se profile bien ! »

 

 

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Pour aller plus loin : lire l’interview croisée de Tarik Touahria, président de la FCSF et Manon Ruscon-Llorente dans le Livret sur la gouvernance et le pilotage, disponible auprès de la Fédération des centres sociaux du Périgord. Pour se le procurer : clothilde.philippy@centres-sociaux.fr / 07 89 34 00 03.

À lire aussi sur le site de la FCSF : Réseau Jeunes national 2024 : cinq jours pour réfléchir collectivement au bonheur

 

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