Une quarantaine de jeunes se sont retrouvés à Montignac-Lascaux, les 31 mars et 1er avril 2023, dans le cadre du programme « Construire avec les jeunes » de la Fédération des centres sociaux du Périgord. Au travers d’ateliers et d’activités, les adolescents ont pu réfléchir sur la notion de citoyenneté, sur leur place dans la société, et rencontrer des élus du territoire.
« Jeunes, des alter-égaux » : c’était le thème de la rencontre jeunesse organisée les 31 mars et 1er avril au centre international de séjour de Montignac-Lascaux, en Dordogne. Derrière ce jeu de mots, c’est la place des jeunes dans la société qui est questionnée, et en particulier, leur positionnement dans un monde d’adultes. Une quarantaine d’adolescents ont participé à cet événement très enrichissant, issus des centres sociaux du Ruban Vert (Mareuil et Brantôme-en-Périgord), de l’EVS La Clé (Vergt), et des associations de jeunes Jagas (Périgueux), Terminatec (Marsac-sur-l’Isle), Nemiku (Bergerac), Vizara (Montignac) et L’Oeil écoute (Saint-Amand-de-Coly).
La première soirée a permis de faire connaissance et de créer des liens. Le lendemain, les jeunes se sont mis au travail. Dans la matinée, ils sont partis en centre-ville à la rencontre des habitants, selon la technique du porteur de parole. Munis de pancartes, ils ont invité les passants à réagir à des affirmations ou des mots-clés tels que : « Les réseaux sociaux sont-ils un frein à l’engagement des jeunes ? », « Quelle est la place des femmes dans la société ? » ou encore « Engagement et jeunesse ». Les propos recueillis lors de leurs échanges ont été à leur tour affichés sur des panneaux dans l’espace public.
Un manque de considération dénoncé par les jeunes
Les adolescents ont ensuite été invités à préparer la rencontre avec les élus prévue dans l’après-midi. Accompagnés par Caroline Carrère, la déléguée de la Fédération des centres sociaux du Périgord, et par leurs animateurs, ils ont réfléchi à leur rôle et leur place dans la société, ainsi qu’à leur rapport aux élus et aux décideurs. Il en est ressorti un désir de plus de liberté, de tolérance et de lien intergénérationnel. Mais aussi un besoin de se sentir davantage pris en compte, notamment dans un milieu rural où le sentiment d’exclusion est important.
Une soixantaine d’élus du territoire et de responsables d’administrations avaient été conviés par la fédération à venir rencontrer les jeunes. Malheureusement, seuls dix ont répondu et trois ont fait le déplacement. Une petite déception qui illustre ce sentiment des jeunes de ne pas être écoutés ou pris au sérieux. Les présents étaient Rémi Guimbail, conseiller délégué à la jeunesse à la mairie de Périgueux ; Olivier Desmesure, le conseiller chargé des politiques publiques de jeunesse en Dordogne (rattaché au ministère de l’Education nationale) et Jacques Ranoux, conseiller départemental du canton de Saint-Astier, délégué à la citoyenneté et à la jeunesse.
« Vous êtes des réponses pour ceux qui disent que les jeunes ne s’engagent pas » (Olivier Desmesure)
L’échange a débuté par le visionnage du film « Les jeunes, des Alter-égaux » qui met en lumière les initiatives citoyennes de jeunes sur le territoire périgourdin. Celui-ci a été salué par les élus. « On tient peu compte de vos formes d’engagement aujourd’hui dans la société française, a commenté Olivier Desmesure. C’est important ce que vous faites. Aujourd’hui, on parle beaucoup d’individualisme. Vous êtes des réponses pour ceux qui disent que les jeunes ne s’engagent pas. » Rémi Guimbail est allé dans le même sens : « On a besoin de votre expérience, de votre expertise, pour savoir comment faire. » Jacques Ranoux a reconnu que la société devait « se remettre en cause dans ses fondamentaux« , interrogeant la « rigidité » des institutions.
Organiser un temps fort autour de la jeunesse chaque année
« Ils sont là, mais personne ne les voit, personne ne sait qu’ils sont là« , a plaidé Isabelle Poujardieu, la référente jeunesse de La Clé à Vergt. Olivier Desmesure n’a pu qu’approuver : « Les élus sont dans une logique quantophrénique : ils pensent à la masse et pas aux quelques jeunes qui viennent toquer à leur porte. » Les adolescents n’ont pas hésité à s’adresser directement à leurs interlocuteurs pour partager leur vécu, leurs frustrations, leurs idées. Attentifs, ces derniers les ont rejoints sur le manque de lien entre les générations, sur l’absence de destin collectif et de valeurs communes entre les habitants. « Le système politique aujourd’hui ne laisse pas assez de place à vos initiatives, a regretté Olivier Desmesure. Ce que vous faites, c’est novateur, c’est l’avant-garde. »
Tous sont tombés d’accord sur la nécessité d’inclure davantage les jeunes dans l’espace et le débat publics, de soutenir toutes les expériences de jeunes – même s’ils ne sont qu’un petit nombre à les porter -, de favoriser des temps et des lieux de rencontre intergénérationnels, et de faciliter le dialogue entre les jeunes et les politiques. L’idée d’organiser un rendez-vous annuel, sous forme par exemple d’états généraux de la jeunesse, incluant des jeunes, des élus, des associations et des représentants des institutions, a été évoquée, pour pousser plus loin la logique et les bénéfices de cette rencontre.
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