« Le centre social, c’est ma deuxième famille. » On entend souvent cette phrase dans la bouche les bénévoles et adhérents des centres sociaux et espaces de vie sociale. En animant le vivre-ensemble, en créant du lien entre les générations, les structures redonnent tout leur sens au mot famille, qu’elle soit celle du sang ou celle que l’on choisit. Exemples en Dordogne et Lot-et-Garonne.
Qu’est-ce que la famille ? Le Larousse en propose pas moins de douze définitions différentes, c’est dire si le concept est vaste. Elle désigne des personnes vivant sous un même toit, unies par un lien de parenté ou d’alliance, ou un groupe ayant des caractères semblables. Dans tous les cas, le mot « famille » renvoie à une idée d’unité, de bienveillance, de solidarité et de soutien. La famille, c’est la première expérience du vivre-ensemble. Autant de valeurs qui rejoignent celles des centres sociaux et espaces de vie sociale (EVS).
Au Bugue, en Dordogne, l’EVS La Petite Maison évoque l’idée d’un toit fédérateur et chaleureux. Agréé il y a un an, il est particulièrement centré sur les liens entre les familles et les générations. Des animations régulières favorisent les rencontres entre les habitants d’âges différents, qu’il s’agisse de la Fête de l’été ou des ateliers créatifs intergénérationnels lancés à la rentrée avec une art-thérapeute. « Nous avons trois générations au café associatif. On va chercher des personnes de la maison de retraite et d’une résidence seniors pour personnes âgées autonomes« , indique Sarah Djerbi, la présidente de La Petite Maison.
Un projet cinématographique autour des films de famille
À l’automne dernier, La Petite Maison a lancé un projet innovant, créatif et intergénérationnel autour de l’image, en partenariat avec l’association Las Cercanias basée à Cendrieux. Les adhérents ont été invitées à collecter leurs vieux films de famille sur pellicule, qui pour certains dormaient dans des greniers depuis quarante ans. Des visionnages collectifs ont été organisés, suscitant dialogue et émotion. En parallèle, un groupe d’enfants a tourné un film en Super 8, mêlant des scènes jouées par eux-mêmes et par des personnes âgées, des images d’archives de l’INA, et des extraits de ces films amateurs. Leur court-métrage, « Le bon vieux temps », a été projeté en décembre au cinéma du Buisson-de-Cadouin.
Découvrez ci-dessous le film réalisé par les jeunes de La Petite Maison avec Las Circanias :
Des jeux de société pour rassembler les familles
Ce n’est pas un hasard si les jeux et jouets sont au coeur de ce petit film. Car rien de tel que le jeu pour rapprocher les membres d’une famille. L’association Les Bénévoles du 47, à Villeneuve-sur-Lot (47), l’a bien compris. Cet EVS développe de plus en plus l’animation par le jeu. Des sessions de jeux en famille sont souvent proposées, ainsi que des soirées gratuites jeux-pizzas un vendredi par mois. Le samedi matin, petits et grands s’affrontent aux échecs, un rendez-vous qui connaît le succès. Dès l’ouverture de l’EVS, les Bénévoles du 47 ont noué un partenariat avec un magasin de jeux de société de la rue voisine. « Puis des gens nous ont amené des jeux, qu’on met à disposition des familles« , présente Émilie Falconnier, la coordinatrice.
En-dehors de ces temps de jeu, toutes les générations se retrouvent autour d’ateliers cuisine : enfants, parents, grands-parents, parrains et marraines, oncles et tantes… Idem pour les ateliers créatifs. Ce mélange des générations est cultivé par l’association, qui compte des bénévoles de 21 à 72 ans. L’une de ses stratégies est d’accueillir des stagiaires de collège et lycée, qui se prennent d’affection pour le lieu et reviennent avec leurs amis, ou s’investissent en tant que bénévoles.
L’EVS s’est construit autour d’un « Café Cantine », qui a été contraint de réduire ses activités depuis le Covid. Ce restaurant 100 % bio et local accueille désormais le public deux samedis midis par mois. Aux fourneaux, encore et toujours des bénévoles. Et dans la salle, des habitants de tous horizons : « Le Café cantine favorise une vraie mixité sociale au niveau des âges et des catégories sociales, que je ne vois pas forcément sur d’autres EVS, observe Émilie Falconnier. On a des personnes de la mairie, de Gifi, des artisans… des gens qui ne viendraient pas autrement parce qu’ils n’ont pas le temps. Mais manger est une préoccupation vitale ! »
L’EVS Lou Veratous, ouvert à toutes les générations
En Lot-et-Garonne, on peut citer aussi le café associatif Lou Veratous qui dynamise Moncrabeau, une commune de campagne désertée par les commerces. Ouvert tous les matins, il fait vivre le village en proposant de nombreuses activités, des ateliers parents-enfants, un espace jeux, la vente de produits locaux, un coin lecture, un accès Wifi gratuit et un coin café avec terrasse, où se croisent des publics très différents, et où émergent des projets collectifs portés par les habitants.
À une époque où les liens entre générations peuvent sembler distendus, y compris au sein des familles, les initiatives portées par les centres sociaux et EVS semblent plus que jamais précieuses pour le vivre-ensemble.