L’offre en matière d’animation de la vie sociale va s’étoffer à Périgueux ces deux prochaines années. En plus du centre social du Gour de l’Arche, trois autres structures sont souhaitées d’ici 2025. Le premier ouvrira cet automne dans le quartier Clos-Chassaing.
Un centre social pour 30 000 habitants : telle est la situation à Périgueux. Mais elle changera bientôt de façon significative. Aux affaires depuis 2020, la municipalité de Delphine Labails entend faire du social un volet important de sa politique. Elle a pour cela créé un pôle dédié à l’animation et à la vie sociale, coordonné par l’ancien directeur du centre social Forum@ de Marsac-sur-l’Isle, Jean-Jacques Didier. « La Ville de Périgueux a une volonté d’être le pivot, le coordonnateur de l’action sociale« , explique le premier adjoint Emeric Lavitola.
Aussi, la Ville s’est lancée dans un projet ambitieux : la création de trois structures, espaces de vie sociale (EVS), ou centre social en deux ans . Le premier, dans le quartier Clos-Chassaing, doit présenter l’agrément à la Caisse d’Allocations Familiales, en octobre 2023 et commencera ses activités à la rentrée. Le deuxième est prévu au Toulon en 2024. Tandis que le dernier ouvrira en 2025 aux Mondoux. Le rythme est rapide et la démarche, inédite : « Il n’existe pas encore d’EVS municipal en Dordogne, c’est innovant« , souligne Jean-Jacques Didier.
Une gouvernance à inventer avec les habitants
L’objectif est de créer des structures de proximité en prise directe avec ces trois quartiers, chacun ayant sa physionomie propre, mais avec pour point commun des poches de pauvreté. « À Périgueux, une personne sur cinq est sous le seuil de pauvreté. Il y a des difficultés sociales, énormément de familles monoparentales« , décrit Emeric Lavitola. Le coût de fonctionnement de ces EVS sera d’environ 40 000 € à l’année, cofinancés par la CAF et la Ville, avec un salarié dans chaque structure. Les habitants seront étroitement associés à leur création. Pour l’instant, seul le premier, celui de Clos-Chassaing, a fait l’objet d’un travail avec les citoyens. Un groupe a été mobilisé pour travailler sur le montage du projet, le dossier d’agrément pour la CAF et la mise en place de la gouvernance.
Ce dernier point est un enjeu crucial aux yeux de Jean-Jacques Didier, qui imagine un système de gouvernance proche de celui des structures associatives. L’idée est que les habitants aient réellement leur mot à dire, qu’ils soient co-décisionaires et pas juste là à titre consultatif. « Il faut bien associer les gens à tout ça, qu’ils soient formés, qu’ils se déplacent. Il faut les convaincre de l’intérêt qu’il peut y avoir, et que ça dure dans le temps. » Il ne s’agira pas pour les habitants d’être des consommateurs, mais bien des acteurs de ces nouveaux lieux de vivre-ensemble. « C’est l’ADN de la politique municipale, indique Emeric Lavitola. Pour chaque endroit, on a un conseil d’arrondissement. On veut associer le plus possible les habitants aux décisions. L’idée, c’est de poser le diagnostic des travaux et des actions à mener, que les habitants s’impliquent et mettent en place des actions. »
Trois espaces aux personnalités distinctes
Chaque projet va également se construire en lien avec le tissu associatif du secteur. Le futur EVS de Clos Chassaing (voir photo en tête de l’article) occupera deux salles du nouveau gymnase inauguré en octobre 2022. Il s’articulera autour de trois axes : la parentalité et coéducation (car entouré d’établissements scolaires de tous niveaux et d’une crèche) ; l’intergénérationnel et le vivre-ensemble ; et les échanges de savoirs entre les habitants. Un lien pourra être fait avec les associations sportives qui œuvrent dans le quartier. « Il y a une forte attente à Clos-Chassaing« , constate Jean-Jacques Didier.
L’EVS souhaité au Toulon aurait une coloration plus artistique et culturelle, car situé dans des locaux associé au Sans Réserve, la salle de musiques amplifiées de Périgueux. Le quartier héberge plusieurs autres associations dans ce domaine, telles que Rouletabille (théâtre) et l’IMR (école de musique).
Enfin, le projet d’EVS ou Centre social des Mondoux devrait être travaillé avec un axe sur les espaces extérieurs, avec par exemple la création de jardins partagés. De nombreuses associations du quartier pourront être associées, comme Maison 24 (aide alimentaire), le comité des fêtes de Saint-Georges, le Chemin (association d’insertion) ou les parents d’élèves.
Le centre social du Gour de l’Arche, un pilier du quartier
Ces trois structures viendraient compléter l’action du centre social du Gour de l’Arche, un pilier de ce quartier politique de la ville. Il compte 400 adhérents, soit environ la moitié des habitants du quartier. Le bâtiment héberge un LAEP (lieu d’accueil enfants parents), une ludothèque et une bibliothèque annexe. L’Arche fait le lien avec les scolaires, les familles, mais aussi les primo-arrivants, nombreux dans le quartier, originaires du Soudan, de Syrie ou plus récemment d’Ukraine. Des ateliers de FLE (français langue étrangère) sont dispensés quotidiennement.
Le pôle jeunesse est également très dynamique, avec le soutien à des associations comme Jagas depuis 2014, ou « 24000 raisons de s’évader » axée sur le foot en salle et le rap depuis janvier 2023. Enfin, le bien vieillir est un volet lui aussi très important puisqu’un quart des adhérents sont des personnes âgées. « Le centre social est leur deuxième maison« , sourit Jean-Jacques Didier.
Un espace jeunesse et un tiers-lieu intergénérationnel aussi en projet
Outre le centre social et les EVS, la Ville porte d’autres projets dans la même veine. Un espace jeunesse (11 à 30 ans) verra le jour dans les anciens locaux de la maison de l’emploi, avenue Georges-Pompidou, début 2024. Et un tiers-lieu intergénérationnel sera inauguré en septembre 2023 près de la mairie, en partenariat avec des associations liées au vieillissement, des associations culturelles et sportives, la médiathèque et les établissements scolaires. Toutes les tranches d’âge pourront se retrouver autour d’ateliers partagés. Autant de projets qui sont en faveur du vivre-ensemble et du renforcement du lien social à Périgueux.
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