Modèles socio-économiques des centres sociaux et EVS : quels leviers ?

Le modèle socio-économique (MSE) d’un centre social est la clé de voûte de son action. Il repose sur trois leviers : les richesses humaines, les ressources financières et les interactions avec son écosystème. Cet enjeu majeur pour le réseau fait l’objet d’un chantier de réflexion au niveau national depuis 2014. En Dordogne et Lot-et-Garonne, la dynamique MSE a été lancée en février 2023.

Qu’est-ce qui fait vivre un centre social ? La réponse est complexe et intègre de nombreux paramètres, qui ne sont pas uniquement d’ordre financier. L’ensemble constitue le modèle socio-économique (MSE) des centres sociaux. Depuis la création de la première maison sociale en 1903, ce dernier a nécessairement évolué. Mais ces dernières années, la réflexion sur les MSE est au cœur du projet fédéral et fait l’objet d’une vaste réflexion. Pourquoi maintenant ? À cause du contexte : depuis les élections municipales de 2014, plusieurs centres sociaux du réseau ont subi une baisse brutale des financements des collectivités, avec pour conséquence des licenciements économiques, des réorganisations, voire des fermetures de centres. Or, dans le même temps, les besoins sociétaux ont augmenté.

Un contexte compliqué pour l’économie des centres sociaux

Dès lors, les acteurs du réseau ont saisi l’importance de s’emparer de ce sujet et ont organisé un séminaire, en 2015, autour de la question « Quel modèle économique d’avenir pour le projet centre social ? ».

« On vit une baisse de subventions des collectivités qui amène les centres sociaux à réfléchir à leur MSE. C’est d’autant plus compliqué dans le contexte actuel de sortie de crise sanitaire et d’inflation, avec en plus un problème d’attractivité de nos métiers » – Anne Fleury, coordinatrice ressources et ingénierie au sein de la Fédération nationale des centres sociaux (FCSF)

D’autres facteurs ajoutent à la nécessité de repenser les MSE, telles que les transitions écologiques et numériques, les fusions de collectivités et la nouvelle répartition des compétences, ou encore l’émergence des notions d’économie collaborative, de proximité ou circulaire.

Modèle socio-économique des centres sociaux : les trois leviers essentiels

Une tournée du réseau a donc été organisée pour identifier les leviers mis en pratique ici et là et analyser leurs atouts, leurs risques et leurs points de vigilance. La FCSF en a conçu un socle commun sur le chantier de l’évolution des MSE. Objectif : outiller l’ensemble des centres sociaux afin qu’ils puissent mener leur propre réflexion sur leur MSE et sur les leviers à actionner. Celle-ci sera différente d’une structure à l’autre, en fonction des choix et orientations de chaque centre social. Toutefois, le modèle socio-économique repose sur trois leviers communs :

  • Les ressources financières ;
  • Les richesses humaines : salariés, bénévoles, stagiaires, services civiques, mécénat de compétence ;
  • Les alliances, ou coopération avec les autres acteurs du territoire, une mission socle des centres sociaux.

Budget d’un centre social : de nouvelles pistes pour faire évoluer les MSE

Porteurs d’une mission d’intérêt général, les centres sociaux et espaces de vie sociale sont majoritairement financés par la CAF (Caisse d’allocations familiale) et les collectivités. Ils peuvent également répondre à des appels à projet. Mais d’autres pistes peuvent émerger par opportunité, par innovation, par souci d’autonomie ou par nécessité lorsqu’un centre social n’arrive plus à équilibrer son budget. Parmi elles, le recours à des financeurs privés (mécénat, sponsoring, fondations…), ou le développement d’activités et services rémunérateurs, par exemple l’ouverture d’une salle de cinéma au sein du centre social.

La réflexion sur le MSE invite chaque centre social à se poser des questions de fond : comment valoriser ce qu’il fait ? Vers quoi veut-il aller ? Et quels sont ses moyens pour y parvenir ?

Le modèle socio-économique des centres sociaux du Périgord en chiffres

La Fédération des centres sociaux du Périgord a fait appel à la FCSF, en ce début d’année 2023, pour lancer son propre chantier MSE. Un état des lieux de son modèle socio-économique a été dressé à partir des données collectées par le Senacs (le Système d’échange national des centres sociaux) en 2021. Sur les 19 centres sociaux et 25 espaces de vie sociale (EVS) actifs sur la plateforme, respectivement 13 et 20 ont répondu à l’enquête. Les trois leviers de leur MSE ont été analysés, avec les résultats ci-dessous.

Levier n°1 : les richesses humaines, un équilibre entre bénévolat et salariat

Les bénévoles, une ressource indispensable

Les centres sociaux du Périgord comptabilisaient 408 bénévoles en 2021, soit 31 en moyenne par structure.

Les EVS en comptaient 691, soit 24600 heures au total (15,3 équivalents temps plein).

Les salariés, plus nombreux en centres sociaux qu’en EVS

Les salariés sont au nombre de 200 dans les centres sociaux, la moitié en CDI, auxquels s’ajoutent 26 stagiaires et services civiques.

Dans les EVS, on recense 47 salariés et 27 stagiaires et services civiques.

Levier n° 2 : des financements différents selon la nature de la structure

Le budget des centres sociaux du Périgord s’élève en moyenne à 436 000 € par structure, contre 61 700 € pour les EVS.

La commune, premier financeur des centres sociaux

Les centres sociaux sont financés principalement par les communes (29,7 %), devant la CAF (24,4 %) et l’Etat (15,4 %). Suivent les autres produits (12,4 %), les intercommunalités (7,6 %), les autres partenaires (3,8 %), le Conseil départemental (3,3 %), les usagers (2,9 %) et enfin le Conseil régional (0,5 %).

La CAF, premier financeur des espaces de vie sociale

Dans le cas des EVS, la répartition des financeurs est bien différente. Les communes sont tout en bas de la liste, tandis que la CAF est le financeur principal (38,9 % du budget), suivi par l’Etat (13,7 %) et les autres produits (10,5 %). Viennent ensuite le Conseil départemental (7,6 %), les usagers (6,9 %), l’intercommunalité (6,7 %), les autres partenaires (6,4 %), le Conseil régional (4,8 %) et les communes, donc (4,5 %).

Levier n°3 : des alliances locales nombreuses et variées

Dans le cadre des centres sociaux, les principaux partenaires formalisés sont (dans cet ordre) la CAF, la commune, l’Etat, la MSA et l’intercommunalité. Des liens existent aussi avec la CARSAT, les acteurs de l’insertion professionnelle, l’ARS, le secteur associatif, l’Education nationale, les Conseils départemental et régional, les bailleurs sociaux, l’Union européenne et dans une moindre mesure, des acteurs privés.

Les centres sociaux nouent naturellement des partenariats avec le tissu associatif : 12 centres sociaux ont accueilli des associations dans leurs locaux en 2021, soir 108 associations en moyenne (9 par structure).

Dans le cas des EVS, la commune, les associations, les EPCI, les autres EVS, les structures petite enfance et jeunesse, les ALSH, les établissements scolaires et bien sûr les centres sociaux sont les principaux acteurs locaux avec lesquels des alliances se créent.

💡  Pour approfondir le sujet de l’approche partenariale, lisez notre article « Semaine des droits des femmes à Bergerac : quand les centres sociaux et les associations travaillent ensemble »

La Fédération des centres sociaux du Périgord va maintenant pouvoir s’appuyer sur cette analyse détaillée et sur les outils mis à disposition par la FCSF pour faire évoluer son modèle socio-économique et continuer d’assurer, dans les meilleures conditions, sa mission au service du vivre ensemble.

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➡️ Pour aller plus loin sur le sujet des MSE, consultez le rapport de la FCSF : « Accompagner l’évolution des modèles socio-économiques des centres sociaux – Point d’étape d’une priorité politique » (novembre 2020)

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