L’accueil inconditionnel est une valeur phare des centres sociaux et espaces de vie sociale. Tout le monde y est bienvenu, quel que soit son âge ou son statut socio-professionnel. Comment s’organise-t-il ? Quelle est la démarche des structures ? Exemples en Dordogne.
Selon les territoires, les centres sociaux et espaces de vie sociale (EVS) occupent des espaces variés : maison en cœur de bourg, bâtiment moderne, locaux partagés avec d’autres structures ou associations… Mais tous réservent le même accueil à celles et ceux qui poussent leur porte : chaleureux et inconditionnel. Les personnes référentes accueil ont à cœur de mettre les visiteurs à l’aise, qu’ils soient des habitués ou pas. « La cafetière et la bouilloire tournent toute la journée. Quasiment tous les jours, des habitants s’arrêtent pour discuter et boire un café. Ce sont souvent des personnes qu’on connaît, mais cet accueil marche très bien aussi pour présenter nos actions aux personnes qui ne sont jamais venues », indique Orlane Garreau, référente accueil du centre socioculturel Ruban Vert de Mareuil-en-Périgord.
Une formation pour (re)penser l’accueil dans les centres sociaux
La notion de convivialité est fondamentale. À Brantôme-en-Périgord, le Ruban Vert offre le café aux visiteurs dans un espace aménagé avec banquettes, tables basses, journaux, livres pour enfants… Le centre social a quitté son petit local du centre-ville en 2021 pour s’installer à la Passerelle, le pôle Enfance Jeunesse Famille qui abrite aussi la communauté de communes, le Relais petite enfance, le centre de loisirs, l’accueil jeunes et le Point information jeunesse. L’endroit génère donc beaucoup de passage et permet au centre social de capter beaucoup plus facilement les habitants, « surtout les familles et les jeunes, c’est sur cette tranche-là que ça se voit le plus », rapporte Charlotte Cochin, la référente accueil. En trois ans, le nombre d’adhérents a bondi de 30 %, passant de 202 en 2021 à 307 en 2024 !

La situation est différente pour La Clé à Vergt, située dans un ancien presbytère, un lieu qui à l’origine n’a pas était pensé pour accueillir du public. L’EVS a toutefois tenu récemment à améliorer l’accueil en créant un petit salon. Une idée qui lui est venue grâce à la formation « Fonction accueil » dispensée aux centres sociaux et EVS en septembre 2024, qui a permis de réfléchir collectivement aux multiples facettes de l’accueil comme lieu-ressource, lieu-observatoire, lieu-vitrine et lieu du faire-ensemble.
« On est le couteau suisse de Vergt »
Les structures reçoivent ainsi de plus en plus de visiteurs dont les requêtes n’ont pas de lien direct avec leur activité. « Nous devons être à l’écoute de tout le monde et de leurs difficultés. Certains ont besoin d’imprimer un document, cherchent un plombier pour leurs toilettes bouchées ou ont une question sur leurs impôts ! Les gens viennent nous voir quand ils ne savent pas à qui s’adresser. On est le couteau suisse de Vergt », plaisante Laetitia Girardot, référente accueil de La Clé, qui gère en plus l’administratif, la comptabilité et l’animation. Dans ces cas-là, deux options : apporter une réponse ou une aide directe, ou réorienter la personne vers le partenaire adéquat : mairie, Maison France Service, centre médico-social…
Fin novembre, l’EVS a dû se séparer de sa conseillère numérique, n’ayant pas trouvé de solution de financement après l’arrêt des subventions de l’État, non sans conséquence : « Elle faisait un travail d’accueil vraiment important. Elle essayait de rendre les gens autonomes dans leurs démarches en ligne. Je n’ai pas le temps de faire ça », regrette Laetitia Girardot, qui épaule tout de même les adhérents les plus démunis.
Développer l’accueil « hors les murs » au Ruban Vert
Les centres sociaux se font de plus en plus souvent le relais de services publics moins accessibles. Ils peuvent aussi être perçus comme « un phare et un panneau multidirectionnel » selon Orlane Garreau. « On doit se tenir au courant de tout ce qui se passe sur le territoire, être les oreilles du village et de la communauté de comunes pour orienter au mieux les habitants ou faire remonter leurs problématiques. »

Le Ruban Vert travaille en parallèle sur sa visibilité : il a refondu en 2024 sa charte graphique pour être mieux identifié. Et ce n’est pas tout : il veut désormais développer un « accueil hors les murs » grâce à son nouveau camion baptisé Hubert, un mini centre social itinérant qui va se déplacer de village en village. Un projet qui complète l’aller-vers déjà existant sur le marché, à la rencontre des habitants. Preuve qu’il existe de multipes façons de vivre et réinventer l’accueil dans les centres sociaux et EVS.