Seniors des centres sociaux du Périgord

[Interview] « Les centres sociaux et EVS sont un appui local très important pour la Carsat »

La Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) est un partenaire indispensable des centres sociaux et EVS sur l’accompagnement des seniors en Aquitaine. Lancé dès 2010, le chantier régional vieillissement a permis de développer une culture et des enjeux communs au service des personnes âgées. Quel est l’intérêt de cette collaboration et comment s’illustre-t-elle sur le terrain ? Christelle Azema, responsable des actions collectives au sein de la Carsat Aquitaine, fait le point.

Cristelle Azema
Christelle Azema, responsable des actions collectives au sein de la Carsat Aquitaine. Photo DR

Pourquoi la Carsat soutient-elle les centres sociaux et EVS ?

Christelle Azema : Les centres sociaux sont impliqués localement. La Carsat est régionale, il n’est pas facile d’être partout. Pour nous, les centres sociaux et EVS sont un appui local, un partenariat très important. Ils font un travail de veille sociale que l’on n’est pas en mesure de faire. Nos indicateurs ne nous permettent de mesurer la fragilité des seniors que par rapport à leurs revenus. On ne connaît pas leur fragilité sociale. Eux ont la possibilité de cibler des personnes qui présentent des fragilités autres qu’économiques, qui peuvent être isolés. Ils nous apportent cette connaissance locale. Ils ont une vision propre à eux, qui n’est pas la nôtre. Institutions et centres sociaux n’ont pas le même langage. C’est un échange très riche, ils ont une connaissance différente dont nous tenons compte dans nos offres et nos actions.

Concrètement, comment s’incarne ce partenariat avec les centres sociaux sur le terrain ?

On travaille avec des associations comme l’Asept Périgord Agenais sur des ateliers de prévention. Le problème, c’est que les personnes qui y vont sont souvent celles à qui ça parle. Nous proposons donc ces actions au sein du centre social. Cela nous permet de toucher un public dont on n’a pas l’habitude, un public plus fragile. On a aussi demandé aux centres sociaux et EVS de développer des actions par rapport à l’intergénérationnel. Ils ont pris en compte nos enjeux et se sont approprié nos actions. La Carsat Aquitaine verse chaque année des subventions à trois fédérations de centres sociaux, en Périgord, Gironde et Pyrénées-Atlantiques, puis elles les répartissent entres les structures de leur territoire. Au total, nous touchons 39 centres sociaux et EVS. Le financement augmente d’année en année, à hauteur de 304 250 € en 2023 pour l’ensemble des fédérations. C’est un soutien très fort, qui représente un budget important. En échange, on leur demande de mettre en œuvre les actions qu’on porte, notamment les partenariats avec l’Asept, à travers la mise à disposition de salles, la formation d’animateurs pour animer ces ateliers, la communication ou l’aide au transport des personnes, par exemple. Mais on demande aussi aux centres sociaux de mettre en œuvre des actions de prévention hors Asept, qu’ils peuvent proposer, par exemple des ateliers de suivi, de l’intergénérationnel ou encore du numérique.

En quoi la mobilisation des seniors dans les centres sociaux et EVS vous semble-t-elle importante ? Et quel regard portez-vous sur la philosophie des centres sociaux, qui invitent les seniors à être de véritables acteurs de leur vieillissement, à le penser et à agir dessus ?

L’objectif est en effet que les seniors soient acteurs de leur propre avenir. La retraite, aujourd’hui, c’est presque plus long qu’une vie professionnelle ! C’est à eux de construire leur avenir et leur projet de vie à la retraite. Ces dispositifs et partenariats leur mettent toutes les clés en main pour réfléchir. Il faut leur faire comprendre que sur le terrain, énormément de choses existent, se développent, et qu’ils peuvent être partie prenante. On peut avoir tendance à infantiliser les seniors. Mais c’est à eux de créer leur avenir. Les centres sociaux ont ce rôle de motiver les gens, de les aider à se lancer. Notre objectif, c’est que dès le plus jeune âge, ils comprennent que pour être le mieux possible à la retraite, il faut qu’ils y travaillent, qu’ils y réfléchissent, qu’ils aient des projets. On est là pour leur apporter des conseils. La retraite, ce n’est pas la fin, c’est le début d’autre chose. Les seniors ont beaucoup à apporter à la société, et notre rôle, c’est de leur donner les éléments pour le faire. Il y a des gens qui se débrouillent par eux-mêmes, et d’autres qui ont besoin d’être accompagnés. C’est notre rôle, et aussi celui des centres sociaux et EVS, afin qu’ils soient dans une logique proactive. Ce n’est pas nous qui allons leur dire ce qu’ils ont à faire, au contraire, l’enjeu est de les responsabiliser. C’est leur projet, pas le nôtre ! »

 

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