Accompagner l’engagement des jeunes, ça ne s’invente pas. La Fédération des centres sociaux du Périgord propose régulièrement aux professionnels de se former pour découvrir approches et outils pédagogiques. En ce mois d’avril 2023, une quinzaine d’animateurs ont ainsi bénéficié d’une formation sur le thème des « pratiques d’animations émancipatrices et du pouvoir d’agir des jeunes », dispensée par la coopérative d’éducation populaire L’Engrenage.
Comment re(donner) leur place aux jeunes dans la société ? Comment les faire participer à la démocratie, les rendre acteurs de leurs loisirs, les guider dans l’émergence de projets sans leur imposer des visions d’adultes ? Ces questions étaient au cœur de la formation animée les 26, 27 et 28 avril 2023 à Bergerac, par l’Engrenage, une coopérative d’éducation populaire. Une quinzaine de salariés des centres sociaux et espaces de vie sociale de Dordogne et du Lot-et-Garonne, ainsi que du Bureau information jeunesse (BIJ) de Bergerac y ont participé. Bien que n’appartenant pas au réseau des centres sociaux, le BIJ, géré par la communauté d’agglomération bergeracoise (CAB) entretient des liens étroits avec la fédération, partageant la même mission auprès des jeunes, d’où sa présence. Le thème de la formation était : « Pratiques d’animation émancipatrices et pouvoir d’agir des jeunes ».
Une « piqûre de rappel » sur les fondamentaux de l’éducation populaire
Durant trois jours, les participants ont pu se reconnecter au sens premier de leur métier, échanger sur leurs pratiques, questionner leur rôle et leur posture, et expérimenter de nouveaux outils et méthodes participatives afin de développer l’éducation populaire auprès des jeunes de leurs structures. « L’émancipation fait partie de la vision de l’éducation populaire. Elle a pour but de provoquer la transformation sociale et politique à l’échelle d’un groupe de jeunes, et à terme, à l’échelle de notre société« , contextualise Aline, l’une des deux formatrices de l’Engrenage.
Au quotidien, les animateurs sont confrontés à des questions et des difficultés autour de l’engagement des jeunes, et ce, même s’ils ont une longue expérience de travail avec ce public. Pour Isabelle Ninet, animatrice au BIJ et à l’espace jeunes de Bergerac, qui œuvre auprès de la jeunesse depuis 35 ans, cette formation est une « piqûre de rappel sur ce qu’est l’éducation populaire« , une façon de conscientiser son métier et de revenir aux fondamentaux. Pour elle, comme pour les autres animateurs, cette parenthèse était l’occasion de faire un pas de côté et de s’approprier une « boîte à outils de possibles » qui enrichira l’exercice de sa profession.
« On n’approche pas la jeunesse en 2023 comme dans les années 90. Le contexte a changé, les outils ont beaucoup évolué. » (Isabelle Ninet, BIJ de Bergerac)
Des outils pour favoriser l’engagement d’un public jeune peu pris au sérieux
Le public jeune a la particularité d’être « rarement pris au sérieux« , observe Aline. S’il ne maîtrise pas l’art de la prise de parole en public ou est maladroit dans son argumentaire, le jeune peut manquer de crédibilité. « Souvent, les adultes trouvent que la pensée des jeunes n’est pas assez élaborée, alors qu’elle est très claire, mais ils n’ont pas forcément envie d’entendre ce qu’ils ont envie de dire« , pointe Aline. « Une erreur serait de considérer que si les jeunes ne viennent pas, c’est qu’ils n’ont pas envie ou ne sont pas assez engagés. » Aussi ne suffit-il pas de les inviter à rejoindre le conseil d’administration, encore faut-il que l’horaire des réunions soit adapté à leur emploi du temps… et que leurs remarques ou leurs idées soient réellement prises en compte.
L’Engrenage a donc invité les animateurs à décaler leur vision et à sortir de leur zone de confort. « On se rend compte que dans nos pratiques, il faut oser aller au devant des jeunes et pas attendre qu’ils viennent dans nos structures« , retient Isabelle Ninet. Aline et sa collègue Soraya leur ont transmis des techniques à mettre en pratique pour permettre les conditions de la discussion. « Ça a répondu à pas mal de questions qu’on se posait sur la place des jeunes sur le territoire, leurs besoins et leur parole, témoigne Maureen Marchandeau, animatrice au centre social Maison pour tous Saint-Exupéry à Agen (47). Comment les mettre au centre pour éviter de suggérer des besoins qui ne sont pas forcément les leurs ?« .
Renforcer les liens entres les centres sociaux du territoire
Les participants ont pu créer du savoir collectif en partageant leur vécu sur le terrain et en cherchant ensemble des solutions. Cette formation a permis de renforcer les liens existants entre les structures et d’en créer de nouveaux. « Quand on est sortis, on était reboostés, motivés pour mettre des choses en place, faire des propositions aux élus, à la mairie, pour adopter un nouveau fonctionnement« , rapporte Maureen Marchandeau. Isabelle Ninet, elle, a trouvé la formation d’une « richesse incroyable » : « Je n’ai jamais fait aucune formation de la qualité de celles proposées par la fédération des centres sociaux« .
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