Pilotée par la Caisse d’allocations familiales (CAF), la Convention territoriale globale (CTG) remplace depuis 2020 le Contrat enfance jeunesse signé avec les collectivités. Comment fonctionne la CTG et quel bénéfice peuvent en tirer les centres sociaux ? Exemple dans le Lot-et-Garonne, où le centre social Vivre Mieux Ensemble (VME) de Port-Sainte-Marie s’est engagé dans une CTG avec la communauté de communes du Confluent et des Coteaux de Preyssas.
Un dispositif qui « ouvre des portes » : c’est ainsi que Bérangère Lassevils, la directrice du centre social Vivre Mieux Ensemble (VME) de Port-Sainte-Marie (47) perçoit la Convention territoriale globale (CTG). En juillet 2022, le centre social a signé une CTG avec la CAF (Caisse d’allocations familiales) et la Communauté de communes du Confluent et des Côteaux de Preyssas, qui couvre un territoire rural de 18 000 habitants.
Convention territoriale globale : c’est quoi ?
La CTG part d’un diagnostic de terrain pour construire un projet social sur un territoire, en associant tous les acteurs relevant de la petite enfance, de l’enfance jeunesse, de la parentalité, de l’animation de la vie sociale, du logement, de l’accès aux droits et aux services, de l’inclusion numérique, ou encore du handicap et des vacances. L’objectif est de déterminer un plan d’action sur cinq ans, qui peut inclure d’autres acteurs et décideurs : Etat, Conseil départemental, CPAM, MSA, Pôle emploi, etc.
Un coopérateur CTG est chargé de piloter ce plan d’action et de faire le lien entre les différents acteurs, qui sont nombreux : crèches et microcrèches, assistantes maternelles, relais petite enfance, centres de loisirs, points jeunes, associations, travailleurs sociaux, structures spécialisées dans le handicap ou l’aide administrative… et bien sûr, le centre social VME. « Il a tout de suite été identifié comme un acteur clé du territoire, parce qu’il touche toutes les thématiques« , indique Benoît Bernès, le coopérateur CTG de la communauté de communes du Confluent et des Coteaux de Preyssas.
Des actions communes qui donnent une visibilité de l’action globale du centre social
Le rôle du coopérateur CTG est de porter une vision globale des projets dans les domaine sus-cités. Il orchestre par exemple l’organisation d’actions communes, qui permettent de fédérer les associations, plutôt que de les laisser œuvrer chacune dans leur coin. Ce fut le cas le 25 mars 2023, avec l’organisation d’une Journée de la petite enfance à Aiguillon. Plusieurs structures du territoire ont participé à cet événement à destination des familles, ce qui permet de les faire connaître. Le centre social VME a ainsi été sollicité pour mettre à disposition un four à pain et à pizza, fabriqué par les retraités du comité « Bien vieillir sur les coteaux ».
De par sa connaissance des habitants et son expertise pour construire avec eux, VME est une ressource importante. « On connaît les communautés, on établit un lien de confiance avec elles et on les incite à venir« , détaille Bérangère Lassevils. Ce système semble donc gagnant-gagnant. « La CTG donne plus de visibilité de l’action du centre social« , se réjouit la directrice. Depuis la mise en place de la convention territoriale globale, il a gagné des adhérents. « Pour nous, ça a été une ouverture. »
Un enjeu de la CTG : une meilleure reconnaissance du centre social par les élus
Pour autant, la reconnaissance du travail mené par VME auprès des habitants n’est pas encore acquise auprès des élus. « Avant la CTG, la communauté de communes ne se référait pas au centre social« , rapporte Bérangère Lassevils. L’éducation populaire et l’animation de la vie sociale ne sont pas reconnues et, sur le plan financier, le centre social associatif, dont l’action est complémentaire des politiques publiques, ne perçoit pas de subventions de la communauté de communes, qui n’a pas la compétence jeunesse. En travaillant au sein-même de la collectivité, le coopérateur CTG permet un rapprochement. Le centre social participe à des groupes de travail avec les élus.
Benoît Bernès reconnaît toutefois qu’il y a encore du chemin à faire pour améliorer l’image négative que certains politiques (et le grand public) peuvent avoir des centres sociaux, parce qu’ils méconnaissent ses actions et l’impact de celles-ci sur les habitants. José Armand, vice-président de la Communauté de communes en charge de l’action sociale et de l’enfance jeunesse, reconnaît volontiers que certains élus en ont « peur« . Cette défiance peut s’expliquer par la diversité sociale du territoire, avec une population plus aisée sur les côteaux de Preyssas, et un tissu social plus modeste en partie issu de l’immigration à Port-Sainte-Marie, où VME est implanté. « Mais avec la CTG, l’image que les gens avaient du centre social a changé« , affirme l’élu. Des habitants qui ne se sentaient pas concernés ont découvert toute sa richesse avec le renforcement de son ouverture sur l’extérieur.
Benoît Bernes se veut optimiste : « 2023 est encore l’année de mise en route. Peut-être qu’en 2024, on verra un peu mieux ce que la CTG va amener« . En l’occurrence, « une meilleure identification et connaissance du centre social par les élus, le public et les autres intervenants sur le territoire. C’est plus facile ensuite pour développer des projets« .
Un premier projet financé par la Convention territoriale globale
La CAF alloue une enveloppe annuelle de 16 000 € pour financer des projets dans le cadre de la CTG. Sur les deux premières années (2022 et 2023), la totalité de ce montant n’a pas été alloué, malgré une multiplication par trois ou quatre des projets déposés, car tous ne rentraient pas dans le cadre. Pour être retenus, ces derniers doivent présenter un intérêt général pour la population. Ils sont d’abord étudiés par la CAF et par une commission sociale composée d’élus qui émettent un avis, avant d’être votés en conseil communautaire.
Cette année, le centre social VME a ainsi pu obtenir 3 500 € pour concrétiser un projet de « Vitrines vivantes ». Il s’agit d’afficher dans les vitrines vacantes de Port-Sainte-Marie, des clichés de jeunes footballeuses du centre social réalisés par une photographe professionnelle. Une initiative qui va lui donner une visibilité supplémentaire et véhiculer une image positive.
Outre les financements de la CAF, le coopérateur CTG aide les structures à solliciter des financements auprès de la MSA qui développe le programme « Grandir en milieu rural ». Car la question financière reste toujours le nerf de la guerre dans le secteur de l’animation sociale.
__________________________________________________________________________
💻 Pour suivre son actualité, abonnez-vous à la page Facebook du centre social Vivre Mieux Ensemble.
💡 Pour aller plus loin, découvrez la présentation de la Convention territoriale globale sur le site de la CAF.
🛎️ À lire aussi, nos articles sur d’autres centres sociaux et espaces de vie sociale du Lot-et-Garonne :
- Bienvenue au 109, le Café culturel qui fait bouger Fumel
- Le Café habitants, l’initiative gagnante du Point Commun de Tonneins